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D comme... direction d’école

Dernière mise à jour : 2 oct. 2021


istoriquement, la direction d’école est assurée par des personnels enseignant qui n’exercent aucun pouvoir de subordination à l’égard de leurs collègues.



La direction d’école est un sujet qui agite les ministres de l’Éducation nationale : ils et elles aspirent à casser le cadre historique et à renforcer le poids des hiérarchies intermédiaires dans le système scolaire. Ce débat est d’autant plus présent qu’il trouve des relais syndicaux ou associatifs pour appuyer cette mesure pourtant repoussée par la grande majorité des collègues.


Sur la période Blanquer, cette question fut relancée suite à la tragique disparition de Christine Renon sur son lieu de travail en dénonçant ses conditions de travail. Le ministre et les parlementaires se sont alors précipité·es pour ressortir ce vieux dossier de l’encadrement et du contrôle des professeur·es des écoles. Cette précipitation, toute relative toutefois au regard des longs mois écoulés entre la disparition de Christine Renon et l’effectivité des premières mesures, n’a pas été bonne conseillère pour le ministère. En effet, alors qu’il connaissait toutes les attentes et revendications des personnels suite aux remontées syndicales et au sondage de novembre 2019, il décide aujourd’hui, avec l’accord et le soutien des parlementaires (Loi Rilhac au Sénat et à l’Assemblée nationale) d’introduire une autorité fonctionnelle dans les écoles de plus de 14 classes. Celle-ci, octroyée par un·e inspecteur·trice aux directeur·trices, transforme ces dernier·ères en supérieur·es hiérarchiques. C’est la fin de la gestion historique des écoles.


Nous dénonçons la manière dont a été amenée cette «nouveauté» (démarche législative, futur texte réglementaire, annonce tardive en groupe de travail ministériel…), mais aussi l’idéologie qui vise à fragmenter le corps enseignant par le contrôle et la hiérarchisation. Cette hiérarchie, demande exprimée et soutenue par une minorité pour de mauvaises raisons, est une fausse bonne idée. Si certain·es sont impatient·es d’endosser le costume de chef·fe, ils·elles se rendront compte que l’étoile de shérif est lourde à porter et qu’elle les transforme en cible pour leur hiérarchie.


L’école n’a pas besoin de chef·fes pour fonctionner. Nous portons d’autres solutions depuis des années. Le collectif et le travail en équipe sont indispensables pour faciliter le fonctionnement des écoles et la prise en charge des élèves. Nous devons lutter contre toute forme de compétition en développant la coopération et la construction de ce travail collectif. Échanger, partager (les idées et le travail), confronter (les idées et les pratiques), sortir de l’isolement. Ce sont les clés pour retrouver du sens dans notre travail. L’institution doit l’entendre, inscrire ces temps de service effectif dans nos obligations de service et recruter massivement des personnels statutaires (enseignant·es et administratif·ves) pour partager la prise en charge de toutes ces missions et l’animation collégiale des équipes.


Jérôme SINOT

Septembre 2021 - Revue PEF 170


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